La villa neoclassique

La villa néoclassique marque l’architecture urbaine de Saint-Denis. Partout dans la ville, on retrouvera ce type de construction. Tous les grands propriétaires vont subir l’influence néoclassique française et anglaise. La Maison Déramond ou la Villa Carrère dans la Rue de Paris en sont de parfais exemples. De la maison traditionnelle aux constructions les plus monumentales, ce style d’architecture permet à la ville de posséder un patrimoine architectural très riche. Nous présenterons ici ses principales caractéristiques et deux ses particularités.

La villa néoclassique apparaît sur l’île au XIXe siècle, pendant une période de croissance économique. Cette construction se réfère au modèle classique inspiré par la redécouverte des architectures grecques et romaines, notamment de la villa palladienne. Elle comporte un axe de symétrie partant du portail jusqu’au jardin de la cour arrière. La maison de maître du XVIIIé siècle est souvent agrandie pour offrir la monumentalité propre au néoclassicisme avec une façade avant d’apparat. Son plan et sa façade symétriques vont marquer durablement l’architecture et l’organisation spatiale. La composition de l’espace de cette architecture de représentation est simple, et basée sur la mise en scène de la symétrie. Le portail, ou "baro", s’ouvre sur une allée centrale, axe de symétrie du jardin d’apparat. Quelques marches permettent d’accéder à la varangue ou véranda, espace de fraîcheur, de réception et de transition entre l’extérieur et l’intérieur. Les pièces de la maison sont en enfilade, afin de laisser l’air circuler et rafraîchir les pièces de vie.

À l’arrière se trouvent regroupés les espaces annexes de la maison : case des domestiques qui s’adossent au mur de clôture le long des limites parcellaires, cuisine, poulaillers, pigeonnier...

À l’image de nombreuses villes coloniales, les agglomérations se structurent selon un plan octogonal. Sur la trame urbaine, elles sont constituées de grandes parcelles qui se morcelleront peu à peu. Ces îlots ceinturés par des rues qui se coupent par angles droits sont fermés par les murs et les grilles qui délimitent les propriétés.

L’atmosphère de ces villes n’est pourtant pas minérale, puisque les jardins viennent ombrager l’espace public, créant dans la plupart des cas, entre les maisons et la rue, un écran végétal. Ici, le classicisme français se différencie petit à petit de la rigueur anglaise même si beaucoup de points communs demeurent. L’ordonnancement de la façade avec ses colonnades et sa symétrie est constante. La mise en scène de l’édifice positionné sur un socle et et l’ordonnancement symétrique des travées marquent la rigueur de la composition architectonique. L’utilisation de la pierre de taille pour le socle et des essences locales (bois de natte et de fer) pour les piliers du péristyle quand il ne sont pas en briques et stuc devient la règle. Le bois pour la charpente, la couverture, et les revêtements de façade sont complétés par l’utilisation des carreaux de verre pour les menuiseries à petits bois.

La varangue

Pièce incontournable du mode d’habiter des demeures bourgeoises créoles, la varangue est un espace de transition et d’échange entre l’intérieur et l’extérieur. Donnant sur le jardin de la cour avant, elle est un lieu de repos, d’ombre et de fraîcheur. Outre sa fonction de confort climatique, elle tient aussi une place centrale dans les rituels d’hospitalité de la bourgeoisie créole. Mais laissons Pierre de Montforand (2) peindre ce lieu magique : « La varangue est un demi-salon : c’est là qu’on reçoit le fournisseur qui présente son compte et le commis qui vous apporte ses échantillons ; c’est là que s’échangent les mille relations insignifiantes de la journée. Dans ce cas, la varangue est proche parente de l’antichambre, mais elle est plus polie. C’est là qu’on reçoit les amis : je ne parle pas des amis suivant le monde : ceux là ont leur siège au salon, c’est là qu’il leur est permis de caresser la main qu’ils mordront l’instant d’après sans vergogne. Je dis ces personnes reconnues sympathiques après plus ou moins d’expérience, devant lesquelles on a rien à dissimuler qu’on laisserait lire dans la vie intime comme dans un livre ouvert. C’est sous la varangue qu’après le déjeuner on vient savourer (sic) ce café créole (...). C’est sous la varangue qu’on s’abandonne à la somnolente influence du tabac (...) le fauteuil de la varangue est le seul où soit possible la sieste (...), la sieste, ce sommeil des anges s’ils dorment ».

Le Guétali

Le guétali illustre bien cet art de vivre où le passage de la sphère domestique à l’espace public se décline en des lieux savamment organisés. L’expression créole « gèt a li » veut littéralement dire en français : Regarde-le ! L’appellation créole désigne à juste titre la fonction remplie par cette terrasse. Élevés généralement à l’angle des propriétés urbaines et donnant souvent sur les "croisées"
d’axes de circulation, ces édicules sont construits de façon à ce que son occupant puisse voir les allers et venues.

1 Pierre de Montforant, in Album de La Réunion, édition de 1862.

303482

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